
Je le sais, je l’ai vue. Madame Barrault était présente lundi à la remise du Grand prix du livre-audio La Plume de Paon, au Centre national du Livre, à Paris.
Mon livre, Pierre traqué par le trac, s’était mérité le Prix du public, deux semaines avant, à Strasbourg. Parce qu’ils sont vraiment gentils à La Plume de Paon, ils ont mentionné ce prix lors de l’événement de lundi. Et parce que je suis un imbécile, je n’ai pas pris la parole quand on m’a offert de la prendre.
En fait, c’est que l’initiatrice de cette série de livres-disques que j’ai écrits, la pianiste Denise Trudel, était aussi présente. Et le prix Plume de paon ne récompense pas que la partie « littéraire » de ces livres-audio, mais plutôt la réussite du jumelage texte, musique, illustrations, etc. Et Denise a vraiment été la maîtresse d’œuvre de cette série et je trouvais que c’est à elle que revenait l’honneur de prendre le micro.
Ce qui ne m’a toutefois pas empêché de me lever debout pour dire à la centaine de personnes présentes que le plaisir d’être écrivain c’est de pouvoir s’exprimer par écrit, plutôt qu’avec un micro devant public. Et que mon livre ne s’intitulait pas Pierre traqué par le trac, pour rien. C'est ce que je dis dans l'inaudible vidéo ci-dessus, captée par mon pote Jean-François Garneau, architecte, wiz de développement immobilier de villégiature, Suisse à ses heures, et all around brillant personnage.
Mon livre, Pierre traqué par le trac, s’était mérité le Prix du public, deux semaines avant, à Strasbourg. Parce qu’ils sont vraiment gentils à La Plume de Paon, ils ont mentionné ce prix lors de l’événement de lundi. Et parce que je suis un imbécile, je n’ai pas pris la parole quand on m’a offert de la prendre.
En fait, c’est que l’initiatrice de cette série de livres-disques que j’ai écrits, la pianiste Denise Trudel, était aussi présente. Et le prix Plume de paon ne récompense pas que la partie « littéraire » de ces livres-audio, mais plutôt la réussite du jumelage texte, musique, illustrations, etc. Et Denise a vraiment été la maîtresse d’œuvre de cette série et je trouvais que c’est à elle que revenait l’honneur de prendre le micro.
Ce qui ne m’a toutefois pas empêché de me lever debout pour dire à la centaine de personnes présentes que le plaisir d’être écrivain c’est de pouvoir s’exprimer par écrit, plutôt qu’avec un micro devant public. Et que mon livre ne s’intitulait pas Pierre traqué par le trac, pour rien. C'est ce que je dis dans l'inaudible vidéo ci-dessus, captée par mon pote Jean-François Garneau, architecte, wiz de développement immobilier de villégiature, Suisse à ses heures, et all around brillant personnage.

C’est donc Denise qui a parlé, expliqué et remercié. Mais Jean-François a coupé avant.
À peine une heure plus tard, je faisais déjà de l’esprit d’escalier et je pensais à tout ce que j’aurais pu dire si j’y étais allé au micro, lorsqu’on me l’a proposé.
Voici donc cette allocution imaginaire :
« Merci! Merci! S’il vous plaît… Merci! De grâce, assoyez-vous. Vous me gênez. »
Je me serais penché vers le micro :
« One-two, one-two…
Aeuin, doeu, twâ… tcheck, tcheck…
Attendez un peu que j’ajuste mon accent :
Ein! Deu! Trouà!
Voilà.
Bonjour à tous.
Tout d’abord, je veux mon paon. On m’avait dit qu’il y aurait un paon!"
Madame Cécile Palusinski serait venue me chuchoter quelque chose à l'oreille.
"Ah bon. Y a pas de paon. Ok. Merci.
C’est génial d’être ici, parmi vous, pour célébrer un texte que j’ai écrit. Vous pouvez pas savoir. Je sais que vous n’êtes pas venus juste pour le mien, mais tout de même, ça fait plaisir.
Et vous, madame Barrault. Comme vous êtes belle! Vous ai-je dit que je suis un peu tombé amoureux de vous quand je vous ai vu dans Le distrait, puis dans Cousin-cousine, puis dans Stardust Memories il y a quelques années, tout de même?
Et maintenant, c’est ma fille Clara qui est folle de vous, quand elle vous entend raconter les aventures de Martine sur les livres-disques qu’on emprunte à la bibliothèque. Même que, après ça, j’en ai pour des semaines à jouer à Martine est tombée à vélo et il faut l’emmener à l’hopital. Je dois jouer le médecin, l’ambulancier, le fermier qui ramasse Martine, le chien Patapouf et même le vélo. Clara joue Martine.
Et ma Clara, je la dois à un livre-disque, justement. Parce que j’ai rencontré sa mère à l’occasion de l’enregistrement du premier livre de la série dont on célèbre le 4e tome aujourd’hui.
Pascale était tombée amoureuse de mon texte, avant de me rencontrer. Elle m'avait écrit "je suis sous le charme de vos mots" ou quelque chose comme ça. Les filles me disent toujours ça, alors je ne m'en étais pas formalisé.
Mais c'est quand, le jour de l'enregistrement, j'avais entendu Pascale en chaussettes, lire mes mots au micro, et que je voyais ses orteils se recroqueviller alors que la comédienne en elle s'investissait dans mon texte pour mieux le rendre, je m'étais dit "Ça alors, si je lui fais retrousser les orteils juste en alignant quelques phrases sur une feuille de papier, je suis curieux d'en apprendre davantage sur les effets possibles d'une éventuelle collaboration".
La collaboration dure depuis ce jour, a été officialisée par un mariage il y a cinq ans et scellée par l'arrivée de notre fille un an plus tard.
Comme vous le voyez, le livre-audio, c'est très fort."
À ce moment, la sécurité serait intervenue et m'aurait contraint à conclure rapidement; ce que j'aurais fait parce que, après tout, nous ne sommes pas des sauvages.
À peine une heure plus tard, je faisais déjà de l’esprit d’escalier et je pensais à tout ce que j’aurais pu dire si j’y étais allé au micro, lorsqu’on me l’a proposé.
Voici donc cette allocution imaginaire :
« Merci! Merci! S’il vous plaît… Merci! De grâce, assoyez-vous. Vous me gênez. »
Je me serais penché vers le micro :
« One-two, one-two…
Aeuin, doeu, twâ… tcheck, tcheck…
Attendez un peu que j’ajuste mon accent :
Ein! Deu! Trouà!
Voilà.
Bonjour à tous.
Tout d’abord, je veux mon paon. On m’avait dit qu’il y aurait un paon!"
Madame Cécile Palusinski serait venue me chuchoter quelque chose à l'oreille.
"Ah bon. Y a pas de paon. Ok. Merci.
C’est génial d’être ici, parmi vous, pour célébrer un texte que j’ai écrit. Vous pouvez pas savoir. Je sais que vous n’êtes pas venus juste pour le mien, mais tout de même, ça fait plaisir.
Et vous, madame Barrault. Comme vous êtes belle! Vous ai-je dit que je suis un peu tombé amoureux de vous quand je vous ai vu dans Le distrait, puis dans Cousin-cousine, puis dans Stardust Memories il y a quelques années, tout de même?
Et maintenant, c’est ma fille Clara qui est folle de vous, quand elle vous entend raconter les aventures de Martine sur les livres-disques qu’on emprunte à la bibliothèque. Même que, après ça, j’en ai pour des semaines à jouer à Martine est tombée à vélo et il faut l’emmener à l’hopital. Je dois jouer le médecin, l’ambulancier, le fermier qui ramasse Martine, le chien Patapouf et même le vélo. Clara joue Martine.
Et ma Clara, je la dois à un livre-disque, justement. Parce que j’ai rencontré sa mère à l’occasion de l’enregistrement du premier livre de la série dont on célèbre le 4e tome aujourd’hui.
Pascale était tombée amoureuse de mon texte, avant de me rencontrer. Elle m'avait écrit "je suis sous le charme de vos mots" ou quelque chose comme ça. Les filles me disent toujours ça, alors je ne m'en étais pas formalisé.
Mais c'est quand, le jour de l'enregistrement, j'avais entendu Pascale en chaussettes, lire mes mots au micro, et que je voyais ses orteils se recroqueviller alors que la comédienne en elle s'investissait dans mon texte pour mieux le rendre, je m'étais dit "Ça alors, si je lui fais retrousser les orteils juste en alignant quelques phrases sur une feuille de papier, je suis curieux d'en apprendre davantage sur les effets possibles d'une éventuelle collaboration".
La collaboration dure depuis ce jour, a été officialisée par un mariage il y a cinq ans et scellée par l'arrivée de notre fille un an plus tard.
Comme vous le voyez, le livre-audio, c'est très fort."
À ce moment, la sécurité serait intervenue et m'aurait contraint à conclure rapidement; ce que j'aurais fait parce que, après tout, nous ne sommes pas des sauvages.

Mais je n'ai pas prononcé cette allocution. Je que j'ai fait, cependant, c'est d'approcher Marie-Christine Barrault, après la remise des prix, dans la jolie cour intérieure de l'Hôtel d'Avejan qui abrite le Conseil national du livre, dans le 7e. Je l'ai approchée, le stylo à la main, le programme dans l'autre, et je lui ai dit: "Madame Barrault, ma fille Clara adore vous entendre raconter les aventures de Martine, pourriez-vous lui écrire un petit mot?".
- "Quel âge a-t-elle?"
- "4 ans et demie".
- "Je vais lui faire des bisous".
Et madame Barrault s'exécuta, avec mon stylo, dans le programme que je lui tendais, soutenu par un livre que j'avais placé dessous.
Comme elle écrivait, je sentais le petit doigt de sa main frotter sur ma main qui tenait le livre du dessous. J'eus tout d'abord le réflexe de vouloir retirer mes doigts pour ne pas la gêner, mais eus l'intelligence de ne pas le faire et ainsi goûter la délicate sensation des aller-retours du petit doigt de Marie-Christine Barrault sur ma patte d'écrivain lauréat d'un prix du public dans la catégorie jeunesse.
Quand elle eut terminé le gentil mot qu'elle avait écrit pour Clara, je lui présentai le livre que j'avais utilisé comme soutien pendant qu'elle écrivait.
L'oreille absolue, of course.
"En échange, j'aimerais vous offrir ceci. C'est un roman que j'ai publié récemment."
"Ça parle de musique?" me dit-elle en prenant le livre.
"Oui."
Elle me fit un grand sourire.
"Ma vie est remplie de musique..."
Depuis lundi, j'imagine Marie-Christine Barrault qui lit L'oreille absolue, à haute voix, chez elle.
Parfois elle sourit.
- "Quel âge a-t-elle?"
- "4 ans et demie".
- "Je vais lui faire des bisous".
Et madame Barrault s'exécuta, avec mon stylo, dans le programme que je lui tendais, soutenu par un livre que j'avais placé dessous.
Comme elle écrivait, je sentais le petit doigt de sa main frotter sur ma main qui tenait le livre du dessous. J'eus tout d'abord le réflexe de vouloir retirer mes doigts pour ne pas la gêner, mais eus l'intelligence de ne pas le faire et ainsi goûter la délicate sensation des aller-retours du petit doigt de Marie-Christine Barrault sur ma patte d'écrivain lauréat d'un prix du public dans la catégorie jeunesse.
Quand elle eut terminé le gentil mot qu'elle avait écrit pour Clara, je lui présentai le livre que j'avais utilisé comme soutien pendant qu'elle écrivait.
L'oreille absolue, of course.
"En échange, j'aimerais vous offrir ceci. C'est un roman que j'ai publié récemment."
"Ça parle de musique?" me dit-elle en prenant le livre.
"Oui."
Elle me fit un grand sourire.
"Ma vie est remplie de musique..."
Depuis lundi, j'imagine Marie-Christine Barrault qui lit L'oreille absolue, à haute voix, chez elle.
Parfois elle sourit.