"Pour aller vite, il faut aller lentement", dis-je. Est-ce que c'est la même chose que "rien ne sert de courir, il faut partir à point"? Oui et non. C'est surtout une formule pour me calmer. Et calmer les autres autour de moi, aussi. Ça vient de mon expérience de gestionnaire et de développeur de produits d'information juridique. Oui, oui, j'ai fait ça pendant longtemps longtemps. De l'édition juridique. Ça consiste à demander à un avocat qui facture 400 dollars de l'heure de consacrer toutes ses fins de semaine pour au moins une année à écrire un ouvrage de doctrine juridique, en échange d'environ dix dollars de royautés, s'il est chanceux.
Au cours du processus, tôt ou tard, l'auteur panique. "Je ne serai jamais capable", "Ma femme veut me tuer", "Pourquoi me suis-je embarqué dans ce projet de fou?". "Je suis dans la m...".
À ce moment, l'auteur perd un temps précieux à s'énerver. À tenter d'aller plus vite en bâclant. À se donner l'impression d'avancer en courant en avant, ou même a rebrousser chemin. Tel un noyé qui se débat, il risque de s'enfoncer davantage s'il ne retrouve pas son calme. De même, celui qui tente de le sauver, en l'occurence son éditeur, doit l'approcher avec prudence pour ne pas se faire emporter au fond avec le malheureux ou manger des tapes.
Il faut ralentir.
Tout d'abord, si l'auteur est dans la merde, c'est exactement là où il devrait être. C'est un excellent signe. Ça veut dire qu'il a avancé jusque là, et qu'il prend conscience de la difficulté. Tant qu'on est sur le rivage et qu'on ne fait que penser à se lancer dans un projet, tout va bien. Tout le monde peut le faire. Mais ce n'est pas pour rien que tous ne se lancent pas. C'est parce qu'écrire, c'est dif-fi-ci-le. Donc, si on se trouve en difficulté, c'est qu'on est au bon endroit.
Une pause est alors requise.
Une pause pour s'assurer de la solidité des bases construites, pour refocaliser la direction, si nécessaire, pour faire des mathématiques. Ou de la géométrie.
Quel est notre arc narratif? Même dans un ouvrage juridique, il y en a un. Quand on écrit, on raconte toujours une histoire. Quelles sont les projections que l'on peut faire à partir du travail déjà effectué. Au point de vue du développement dramatique, de l'argumentaire. De la somme de travail qu'il nous reste à accomplir. De la distance qui nous sépare encore de la rive opposée? Ce n'est pas la connaissance qui cause la panique, c'est l'ignorance.
Il ne faut pas hésiter à faire des petits dessins.
Parfois, les mots ne veulent plus rien dire. On est en indigestion. Parce que les mots sont à la fois le matériau de notre récit et l'outil avec lequel on tente d'organiser notre pensée pour le faire avancer. Le cerveau ne fait plus la différence. Les maths, le dessin, la géométrie, ou quelqu'autre outil de réflexion avec lequel on peut exprimer le problème auquel on fait face devient très utile pour y voir plus clair.
Il arrive toujours un point dans mon travail d'écriture où je doit synthétiser le récit en chiffres ou en équations pour varier l'allure de la représentation mentale que je m'en fais. On peut aussi utiliser une autre langue, si on en parle plusieurs, pour réfléchir. On parvient alors à trier plus facilement les idées (le bon grain), des mots (l'ivraie) afin de les remettre à leur place. Leur rappeler qu'ils ne sont là que pour illustrer une idée. Pas l'inverse.
Ce genre d'exercice cause un ralentissement, au moins en apparence. Mais il permet d'atteindre ses cibles plus rapidement.
L'exercice de la semaine: allez visionner des vidéos d'Alain Prost, lorsqu'il pilotait des Formules 1. On ne le surnommait pas "le professeur" pour rien. Pas de dérapages, tout est coulé. Il disait "plus ça se passe lentement dans le cockpit, plus on va vite sur la piste".
Pour aller vite, il faut aller... comment? Oui, c'est ça: len-te-ment.
Au cours du processus, tôt ou tard, l'auteur panique. "Je ne serai jamais capable", "Ma femme veut me tuer", "Pourquoi me suis-je embarqué dans ce projet de fou?". "Je suis dans la m...".
À ce moment, l'auteur perd un temps précieux à s'énerver. À tenter d'aller plus vite en bâclant. À se donner l'impression d'avancer en courant en avant, ou même a rebrousser chemin. Tel un noyé qui se débat, il risque de s'enfoncer davantage s'il ne retrouve pas son calme. De même, celui qui tente de le sauver, en l'occurence son éditeur, doit l'approcher avec prudence pour ne pas se faire emporter au fond avec le malheureux ou manger des tapes.
Il faut ralentir.
Tout d'abord, si l'auteur est dans la merde, c'est exactement là où il devrait être. C'est un excellent signe. Ça veut dire qu'il a avancé jusque là, et qu'il prend conscience de la difficulté. Tant qu'on est sur le rivage et qu'on ne fait que penser à se lancer dans un projet, tout va bien. Tout le monde peut le faire. Mais ce n'est pas pour rien que tous ne se lancent pas. C'est parce qu'écrire, c'est dif-fi-ci-le. Donc, si on se trouve en difficulté, c'est qu'on est au bon endroit.
Une pause est alors requise.
Une pause pour s'assurer de la solidité des bases construites, pour refocaliser la direction, si nécessaire, pour faire des mathématiques. Ou de la géométrie.
Quel est notre arc narratif? Même dans un ouvrage juridique, il y en a un. Quand on écrit, on raconte toujours une histoire. Quelles sont les projections que l'on peut faire à partir du travail déjà effectué. Au point de vue du développement dramatique, de l'argumentaire. De la somme de travail qu'il nous reste à accomplir. De la distance qui nous sépare encore de la rive opposée? Ce n'est pas la connaissance qui cause la panique, c'est l'ignorance.
Il ne faut pas hésiter à faire des petits dessins.
Parfois, les mots ne veulent plus rien dire. On est en indigestion. Parce que les mots sont à la fois le matériau de notre récit et l'outil avec lequel on tente d'organiser notre pensée pour le faire avancer. Le cerveau ne fait plus la différence. Les maths, le dessin, la géométrie, ou quelqu'autre outil de réflexion avec lequel on peut exprimer le problème auquel on fait face devient très utile pour y voir plus clair.
Il arrive toujours un point dans mon travail d'écriture où je doit synthétiser le récit en chiffres ou en équations pour varier l'allure de la représentation mentale que je m'en fais. On peut aussi utiliser une autre langue, si on en parle plusieurs, pour réfléchir. On parvient alors à trier plus facilement les idées (le bon grain), des mots (l'ivraie) afin de les remettre à leur place. Leur rappeler qu'ils ne sont là que pour illustrer une idée. Pas l'inverse.
Ce genre d'exercice cause un ralentissement, au moins en apparence. Mais il permet d'atteindre ses cibles plus rapidement.
L'exercice de la semaine: allez visionner des vidéos d'Alain Prost, lorsqu'il pilotait des Formules 1. On ne le surnommait pas "le professeur" pour rien. Pas de dérapages, tout est coulé. Il disait "plus ça se passe lentement dans le cockpit, plus on va vite sur la piste".
Pour aller vite, il faut aller... comment? Oui, c'est ça: len-te-ment.